Jacques Cool répond à vos questions sur le développement professionnel en enseignement
Les profondes transformations sociétales actuelles font en sorte que l’école a une obligation de s’actualiser. Dans un contexte où la technologie s’est immiscée dans la plupart des sphères de notre vie, le numérique à l’école doit être en filigrane (pas l’objectif) et servir de levier pour le développement du potentiel de chaque jeune, ce qui inclut le savoir-publier.
Les conséquences de ceci sont aussi pédagogiques : il faut éviter d’utiliser le numérique en enseignement comme des « fusées modernes accrochées à une diligence western ». Sans intention pédagogique claire et sans un minimum de compétences pédago-numériques de l’enseignant, on accentue la perception que les TIC n’ont pas de place à l’école (lire à cet effet : http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/277... ).
Le développement professionnel n’a jamais été aussi important, autant en formation initiale que continue. Des verbes qui auront leur place dans cette mouvance, incontournable tôt ou tard :
valoriser, reconnaître, complexifier, engager, diversifier, persévérer, rester résilient, innover, créer, mieux évaluer, itérer, améliorer, essayer, prototyper, rechercher, oser, faciliter, croitre, donner du sens…
Le défi demeure fondamentalement humain. L’humain aujourd’hui. Ainsi, chaque jeune pourra s’accomplir dans son projet de vie et de carrière. C’est le but ultime de tout ce que nous faisons en éducation !
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Natif du Nouveau-Brunswick, Jacques Cool y a travaillé en éducation pendant 30 ans à diverses fonctions : enseignant en sciences, chef de département, conseiller en évaluation, responsable de programmes d'études, gestionnaire en e-learning, coordonnateur en leadership, technopédagogue, spécialiste en évaluation en ligne et au dossier des écoles communautaires. Il a travaillé notamment au ministère de l’Éducation du Nouveau-Brunswick, à l’Université de Moncton et au Collège communautaire du N-B. C'est maintenant à Montréal qu’il poursuit sa route à titre de directeur du CADRE21, un organisme voué au développement professionnel des enseignants et à l’innovation pédagogique partout en Francophonie.
Son blogue : http://zecool.com
Sur Twitter : https://twitter.com/zecool
Anonymous
Pourquoi les enseignants en Afrique n'appliquent pas les formations qu'ils ont reçues?
abraham jean
comment fait pour etre un bon programmeur?
iken merzouk
aviculture
Rochane
Je me rends compte de plus en plus que la meilleure façon d'impliquer les enseignants ou formateurs dans l'exploration de nouvelles modalités pédagogiques est de les faire expérimenter. On a beau louer les valeurs ajoutées d'un outil numérique et son potentiel pédagogique, ça ne marche très peu. Il faut donc susciter l'envie à ces enseignants de participer à des ateliers, à s'inscrire à des MOOC ou à vivre un apprentissage afin de les faire vivre à d'autres. Oui mais comment les motiver à être plus demandeurs de ces bonnes pratiques et à s'engager dans la voie de l'innovation ?
C’est en effet un défi important. Fondamentalement, il faut favoriser une formation continue (peu importe son format) qui explicitement cible ses interventions sur l’intention pédagogique derrière les activités à créer et les activités à déployer. Ainsi, l’apport du numérique sera abordée plus ‘naturellement’ ; « Quels sont les moyens/outils qui permettraient l’activité X ? ». Les TIC restent en filigrane (à moins que ce soit le but premier d’une formation). Ils sont des leviers, dans l’arsenal des outils proposés.
Entre les moments de formation, il y a aussi l’apport indéniable de son RPA (réseau d’apprentissage professionnel) où des apprentissages informels sont réalisés. En éducation aujourd’hui, l’isolement professionnel est un choix. Mais comme l’illustre la métaphore, on ne peut pas forcer un cheval à boire à l’abreuvoir. On peut l’y amener certes, mais pas lui forcer la nuque vers la source d’eau. J’aime toutefois dire qu’on peut donner du sel au cheval ;-)
Ainsi, il est important de valoriser les efforts de formation continue d’un enseignant et aussi de reconnaître ses accomplissements. Les badges numériques sont une façon de le faire.
Au final, il en demeure à l’enseignant d’avoir une posture de « growth mindset»… C’est une valeur (et une obligation) fondamentale de la profession enseignante, à mon avis. Associée à une stratégie de développement professionnel au sein de l’organisation à laquelle il appartient, qui saura baliser les pistes d’action, cette dynamique a la qualité de permettre des résultats dans les apprentissages des élèves; c’est la destination ultime !
Jacques Cool
Antoine MIAN
Bonjour Jacqes. Une question d'Abidjan en Côte d'Ivoire. Comment le développement professionnel des enseignants par le numérique peut favoriser l'intégration de ces outils dans la pratique enseignante?
Pour toute formation continue, l’utilité de celle-ci est souvent tributaire de l’implication active de l’apprenant (l’enseignant, dans ce cas) dans le déroulement.
Ainsi, peu importe le sujet de formation, l’appel aux outils numériques multiples (prise de notes collaboratives, sondages live, live-tweets, etc.) amène les gens à voir le sens/signifiance de leurs usages dans l’action.
Si on axe nos formations en éducation sur de bonnes intentions pédagogiques dès le départ, jumelé avec le défi de voir quels seraient les réinvestissements possibles de ces usages dans leur classe, il y a de bonnes probabilités que chacun retienne et reprenne un outil à son retour. Contextualiser, décontextualiser, recontextualiser. L’outil TIC est alors perçu comme moyen, comme levier, et non la cible première.
Jacques Cool
Thot Cursus
Sans soutien de l'administration, les profs isolés ne parviennent que très rarement à transformer véritablement les pratiques éducatives.
Sans volonté des autorités, l'administration d'une école n'ose habituellement pas bouger.
À quel point la première étape dans l"objectif de l'intégration des technologies se joue t-elle au moment de l'élaboration de la politique, celle de l'école, celle de la commission scolaire ou de l'académie, celle du ministère ?
En effet, les initiatives de « renouveau » (pas nécessairement de « transformation ») pédagogique émises en "top-down" ont vu le jour au fil des ans, sans nécessairement résulter en changements durables. En même temps, les initiatives locales et souvent innovantes n'arrivent pas à atteindre et dépasser un point de bascule. Mais là où il y a de la mouvance et de la traction, c'est lorsqu'il y a un « leadership par le milieu » qui s'exerce, facilitant l'arrimage entre la base et les autorités. Michael Fullan documente bien ceci (http://www.cea-ace.ca/education-canada/article/l...).
Dans le cas du numérique à l'école, il incombe, à mon humble avis, d'éduquer les autorités, ou celles et ceux en position d'exercer ce leadership par le milieu, sur l'impact du numérique sur l'apprentissage; les données de recherche sont, contrairement à ce que trop de gens en pensent, de plus en plus présentes (https://docs.google.com/spreadsheets/d/1sB0d_prf...).
À la base, sortir du «mindset» de vouloir une école qui ressemble à celle qu'on a connue... Dans une telle perspective, il devient utile de prêter bonne oreille aux gens des secteurs innovants à l'extérieur du monde de l'éducation.
Collectivement, c'est de revoir les finalités de formation, en contexte pour le monde d'aujourd'hui (pas juste « de demain ») et le curriculum scolaire pour se défaire des silos des matières, sans compter les défis de reconfigurer l'organisation de l'école, espace et temps.
Audace, créativité, collaboration, rigueur, excellence... et résilience.
Jacques Cool